....Make Our Library Great Again !
Alors que le réchauffement climatique est au cœur du débat public, la ville de Paris se désintéresse totalement de ce sujet dans un périmètre qui relève pourtant de sa propre responsabilité lors des deux épisodes de canicule qui ont eu lieu cet été, fin juin puis fin juillet. Le second s'est même achevé avec un nouveau record de température de 42,6° C à Paris. En dehors de ces canicules « officielles » les agents de nombreux établissements municipaux de la capitale ont aussi subi d'autres pics de chaleur, avec des températures dépassant régulièrement les 30 voire les 33 degrés à l’intérieur des bureaux et des espaces publics. Dans ces conditions, on ne peut que craindre le pire dans les années à venir au niveau de la santé des agents et des usagers d’autant que la Ville refuse pour des raisons davantage financières qu'écologiques de climatiser ses bâtiments
Dans notre champ d’intervention syndical force est de constater que nombre de bibliothèques municipales sont de véritables aberrations thermiques, ce qui a eu pour conséquence que nombre d’entre elles ont dû procéder à des fermetures anticipées tant la chaleur intérieure était insupportable. Le problème c’est que d’un autre côté, la Direction des Affaires Culturelles (DAC), notre administration directe, n’a rien trouvé de mieux que d’imposer aux bibliothécaires parisiens de compenser ces fermetures qui ne dépendent pas d’eux à travailler en horaires variables d'une semaine à l'autre. Plutôt provocateur pour des personnels qui déjà travaillent le samedi (voire le dimanche) tout en finissant souvent à 19 heures.
Cet été ce sont donc la santé et les conditions de travail des agents des bibliothèques qui ont servi de variables d'ajustement à des conditions de température de plus en plus extrêmes. D’abord en refusant de préciser les critères de réductions horaires ou de fermeture, la DAC s’est déchargée sur les chef-es d'établissement, légalement responsables de la santé des agents. Ensuite en demandant, pour valider des réductions horaires ou des fermetures, des relevés fréquents de température avec...photos des thermomètres ! La marque d'une grande confiance envers ces mêmes chef-e-s d'établissement…
Autre invention géniale de la mairie de Paris lors de la seconde canicule (celle de fin juillet) qui amena là aussi des fermetures partielles ou totales de nombreuses bibliothèques : notre municipalité ordonna aux personnels d’aller travailler ailleurs (dans des établissements pas climatisés et donc aussi surchauffés), de prendre un congé (donc de prendre sur son quota annuel) ou de rattraper les heures non faites la semaine suivante. Changement de politique donc puisqu’en 2017 et même fin juin de cette année les heures n’étaient pas à rattraper.
Résumons : Le/la bibliothécaire travaille donc le samedi, parfois le dimanche, et termine souvent à 19h. Comme tou-tes les salariés-e-s, sa carrière donc son temps de travail ne cessent de s’allonger (avoir 42 ans de cotisation, partir à 63 ans sans malus…). Et désormais, en cas de fortes chaleurs, il/elle doit passer en horaires variables d’une semaine à l’autre, donc oublier son emploi du temps négocié en début d’année conciliant nécessités de service et contraintes personnelles. Une semaine à 30 heures, puis une semaine à 46 heures, puis... Pire que la flexibilité de certaines entreprises privées où les changements horaires sont souvent planifiés sur plusieurs semaines voire plusieurs mois… Dans cette logique il faudra donc travailler le samedi, le dimanche, faire des soirées et être en horaires variables de juin à septembre... Tout ça n’est pas sérieux et surtout ne tiendra pas face au choc climatique en cours.
Il y a pourtant quelques pistes pour commencer à vraiment prendre le sujet à bras le corps Pour commencer la Ville de Paris doit déjà, et en urgence, réparer et rendre opérationnels tous les systèmes de ventilation déjà existants pour chaque établissement, il faut des fontaines d’eau fraîche et au moins un climatiseur dans chaque bibliothèque pour à minima rafraîchir une pièce. Et on parle là vraiment de à minima !
Au-delà, avec la multiplication et l’intensification des canicules (et parfois pas que pendant les congés d’été comme cette année), on voit mal comment éviter de climatiser une partie des services publics parisiens ! Ce choix aurait l'intérêt de garantir des conditions de travail décentes pour les agents, des conditions d'accueil correctes pour les usagers et la continuité du service public. Et en attendant que ce chantier soit enfin réalisé Anne Hidalgo se doit d’accorder des « congés canicule » exceptionnels plutôt qu’instaurer la « flexibilité canicule » ! A moins que l’on soit obligé d’attendre que des socialistes arrivent un jour à la mairie afin d’appliquer une politique sociale enfin progressiste ? Make Our Library Great Again !
Plan climat : la mairie de Paris va-t-elle sauver les bibliothèques ?

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faidi 31/08/2019 12:45
Ulysse 30/08/2019 12:55