Récit d'une semaine de crise qui a régné à la Direction des Affaires Culturelles et à l'Hôtel de Ville de Paris
De nombreuses bibliothèques étaient fermées ce samedi 6 juin. Certaines la matinée, d'autres l'après-midi, d'autres encore toute la journée. Il est vrai que plusieurs centaines de bibliothécaires étaient grévistes (au moins une heure). Enfin, nombre d'entre eux étaient présents au rassemblement devant la médiathèque François Sagan (Xe) à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, SUPAP, UCP et UNSA).
Un rassemblement qui comptait dans ses rangs des bibliothécaires des établissements de toute la capitale : Marguerite Audoux (IIIe), BHdV (IVe), Mouffetard (Ve), Buffon (Ve), Heure Joyeuse (Ve), Chaptal (IXe), François Villon (Xe), Lancry (Xe), Faidherbe (XIe), Diderot (XIIe), Hélène Berr (XIIe), Melville (XIIIe), Marguerite Durand (XIIIe), Brassens (XIVe), Vandamme (XIVe), Aimé Césaire (XIVe), Germaine Tillion (XVIe), Yourcenar (XVe), Colette Vivier (XVIIe), Rostand (XVIIe), Clignancourt (XVIIIe), Genevois (XVIIIe), Vaclav Havel (XVIIIe), Hergé, (XIXe), Fessart (XIXe), Benjamin Rabier (XIXe), Crimée (XIXe), Place des Fêtes (XIXe), Levi-Strauss (XIXe), Couronnes (XXe)....(pardon à ceux que l'on aurait oubliés). Et heureusement le logiciel V-Smart, pour une fois, n'a pas buggé car même le service informatique (SIB) était présent au grand complet.
Bref, le réseau a répondu présent à l'alerte lancée par l'équipe de la bibliothèque André Malraux (VIe) qui dénonçait le départ brutal de leur responsable (lire ici). Une directrice de bibliothèque continuellement prise entre deux feux : le maire d'arrondissement d'un côté et le Bureau des Bibliothèques (BBL) et son manque de soutien de l'autre, avec les conséquences que l'on sait.
Depuis cet épisode, c'est un climat de crise qui a régné pendant une semaine à la Direction des Affaires Culturelles (DAC) et jusqu'à l'Hôtel de Ville de Paris puisque l'émotion de l'équipe de Malraux s'est étendue comme une traînée de poudre à tout le réseau. Il est vrai que le malaise est général. La Ville de Paris a dû apporter rapidement des réponses pour tenter d'éteindre l'incendie. « Les maires d'arrondissement ne sont pas les supérieurs hiérarchiques des directrices et directeurs des bibliothèques » a ainsi affirmé le directeur des affaires culturelles, Noël Corbin, aux syndicats dans le cadre du préavis.
Devant les personnels de la bibliothèque Malraux, à l'occasion d'une réunion organisée dans l'urgence, le directeur des affaires culturelles a été très clair « Je tiens à réaffirmer tout mon soutien à votre responsable dont les qualités professionnelles n'ont jamais été remises en cause et dont l'attitude a toujours été irréprochable. Il est hors de question qu'elle subisse un quelconque préjudice pour la suite de sa carrière » a-t-il promis aux personnels de Malraux inquiets pour l'avenir de leur (desormais ex) directrice. C'est noté.
Noël Corbin a, par ailleurs, précisé que le prochain responsable de la bibliothèque André-Malraux recevra une lettre de mission très détaillée concernant ses futures relations avec le maire de l'arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, lequel aura désormais plus de difficultés pour entraver le bon fonctionnement de la bibliothèque. A l’avenir, conséquence de l’actuel conflit, les nouveaux chefs d’établissement recevront une telle lettre. « Il est important qu’un directeur sache clairement ce qu’on attend de lui » a affirmé Noël Corbin à Livres Hebdo. « Par ailleurs, je rencontre chaque année les maires d’arrondissement pour connaître leurs besoins et leurs attentes » (lire ici).
Autre conséquence de cette crise : La mise en lumière du fonctionnement du Bureau des Bibliothèques (BBL) dont le manque de soutien envers les responsables d’établissement, particulièrement à Malraux, s'est révélé affligeant pour nombre d'observateurs. Le directeur des affaires culturelles a d'ailleurs reconnu publiquement un « dysfonctionnement », voire « un loupé » dans cette affaire. « Il faut tirer les leçons de cet incident et mettre en place des garde-fous pour éviter qu’une situation ne se dégrade. Je souhaite que les différents échelons hiérarchiques de la DAC soient plus présents et plus réactifs afin que les directeurs de bibliothèque ne se sentent pas seuls en cas de difficulté. » a-t-il de nouveau martelé dans Livres Hebdo.
La question des relations entre bibliothèques et mairies d’arrondissement sera également à l’ordre du jour du séminaire des chefs d’établissement du réseau de lecture publique parisien qui se tiendra le 18 juin prochain. Une réunion dont les échanges devraient être francs et cordiaux comme on dit en langage diplomatique.
De son côté, Bruno Julliard, premier adjoint en charge de la culture nous a déclaré être « tout à fait conscient de l’émotion qu’a suscité, auprès de nombreux agents des bibliothèques, le départ de son poste, de la responsable de la bibliothèque André Malraux ».Il proposera lui aussi « d’aborder la question, souvent complexe, de la relation entre les mairies d’arrondissement et les équipes des équipements de proximité à l’occasion du prochain Comité Technique de la DAC qui se tiendra comme vous le savez le 16 juin. L'administration va intégrer ce point à l’ordre du jour ». Bruno Julliard, qui ça tombe bien, se trouve être aussi, en plus de la culture, en charge.... des relations avec les maires d'arrondissement !