- Yes we can !
Ça se pourrait bien si l'on en croit une décision du Conseil d’État
« Pourquoi les collègues de province touchent ils la NBI quand ils accueillent du public et pas nous ? ».« Hé, c'est normal que l'on touche pas la NBI dite politique de la ville alors que des collègues d'établissements situés juste à côté la touchent ? ». Régulièrement ces questions nous sont adressées par les collègues du réseau des bibliothèques parisiennes ou ceux des musées. D'ailleurs c'est quoi au juste la NBI ? La NBI, Nouvelle Bonification Indiciaire est une prime accordée pour « la mise en œuvre d'une technicité particulière. » (lire ici)
C'est notamment le cas de la NBI-1 qui est délivrée sur la base d’un découpage du territoire parisien effectué par le ministère de l’intérieur qui délimite les ZUS (Zone Urbaine Sensible). C’est dans ces zones, et seulement dans celles-ci, que peut être versée la NBI-1. A ce titre certains établissements en bénéficient quand d'autres pourtant situés à quelques rues de là se voient refuser cette prime car n’entrant pas dans ce découpage subtil. Les ZUS concernent quelques quartiers dans Xe, XIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe, XXe. A noter que d'autres quartiers du XIIIe, XIVe et XVe bien que n'étant pas déclarés ZUS sont classés « politique de la Ville » ce qui fait que si elle le voulait, la mairie pourrait leur attribuer également cette fameuse prime.
Mais il y a du nouveau, en tout cas une possibilité juridique d'obtenir la NBI dite « politique de la ville » pour plus de collègues qu’actuellement si l'on en croit une décision du Conseil d’État. En effet sur la base d’une jurisprudence de ce qui est la plus haute juridiction administrative, il est clairement établi, enfin pour les juristes avertis (lire ici), que les établissements n’entrant pas dans le découpage des ZUS mais dont la proximité a pour conséquence qu’ils sont fréquentés par les mêmes usagers, peuvent dorénavant prétendre à cette NBI-1. Et toc !
- Ouch !
Cette jurisprudence a également été analysée et confirmée par un avocat spécialiste du droit administratif dans une langue (un peu) plus accessible (lire ici). Une jurisprudence en tout cas on ne peut plus compatible avec la délibération parisienne (lire ici). En tout cas pour avoir un (petit) peu de sous en plus (de 45 à 90 euros) il y a de quoi tenter quelque chose.
D'autant que pour l’attribution de cette NBI, y compris pour les établissements situés en dehors de ces fameuses ZUS, nous avons sollicité à plusieurs reprises tant les élus que la direction pour connaître leur position sur cette demande récurrente des agents, relayé souvent même par les chefs d'établissements. En fait, la demande de cette prime dépasse largement la question de la politique de la ville. Elle vise avant tout à répondre aux questions que se posent les agents sur leurs conditions de travail qui se dégradent au quotidien et leur pouvoir d’achat qui ne fait que stagner depuis plusieurs années.
Hormis le fait que nos décideurs portent « une grande attention à ce problème », nous n’avons eu aucune proposition concrète à ce jour, c’est pourquoi nous proposons aux collègues intéressés de passer à l’étape suivante.
Car oui il est possible de demander cette NBI pour (presque) tous, suite au jugement du Conseil d’État (la plus haute juridiction judiciaire en droit administratif) qui a accordé cette mesure à un agent territorial qui n’était pas en poste dans une ZUS, mais dont l’établissement était situé à proximité (ce qui à Paris pourrait concerner pas mal de monde, non?). Si la justice peut aider à mettre un peu de beurre dans les épinards...
- Pas mal de monde ? Ils ont l'art de la litote à la CGT
Pour enclencher la procédure, nous devons d’abord faire une demande* d’attribution de cette NBI ZUS via un « pré-contentieux » adressé à notre autorité de tutelle, en l’occurrence Bruno Julliard. Un modèle est disponible sur simple demande. Il suffit juste de rajouter vos noms, prénoms, affectations… *
Cette demande ne peut être qu’individuelle (c’est la procédure dans le droit administratif). L’idée est de regrouper suffisamment de demandes en même temps pour des raisons pratiques mais surtout pour donner du poids à cette revendication. Une sorte de class-action à la parisienne quoi. Ensuite notre syndicat se chargera de porter officiellement tous ces courriers à Bruno Julliard avec demande d'accusé de réception (date, tampons et tout et tout)
Ensuite trois possibilités : 1- La Mairie de Paris accède à votre requête (après tout, ne serait-elle pas sensible à la demande de reconnaissance des agents ?). 2 - Elle répond négativement (ou de manière dilatoire genre « c’est pas nous, c’est les autres » ). 3 - Elle ne répond pas (inconcevable, n'est ce pas?).
Si la mairie de Paris choisi les options deux ou trois, nous avons dès lors la possibilité d’attaquer au Tribunal Administratif pour avoir gain de cause (il faut attendre deux mois et avoir préalablement écrit à l’administration pour aller plus loin, c’est la loi). Alors à vos stylos. Bon évidemment on ne promet rien (les juges peuvent êtres parfois imprévisibles) et cela pourrait prendre un certain temps (surtout si notre cher employeur fait de l'obstruction) mais bon, qui ne tente rien, n'a rien, n'est ce pas?
* Un modèle est disponible sur simple demande en écrivant à daccgtculture@gmail.com ou à cgt_dac@yahoo.fr. Vous l’imprimez et il y aura juste à rajouter vos noms, prénoms, affectations… dans les cases prévues à cet effet. Et après on se charge du reste.
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A vos stylos
- Qui ne tente rien, n'aura rien
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