Blog PACS de la Direction des Affaires Culturelles (DAC) de la Ville de Paris.
Une initiative pas très éthique d'ores et déjà rejetée par les personnels
Le budget participatif, cette grande idée vendue aux Parisiens par Anne Hidalgo, commence vraiment à tourner en eau de boudin. Il y avait déjà eu l’idée de se défausser sur les Parisiens pour pallier à l’incompétence municipale (lire ici). Ou encore cette tentative de manipuler l’opinion en inventant des faux citoyens (lire là). Mais voilà maintenant que la Ville demande à ses agents d’influencer les Parisiens pour que ces derniers proposent les « bons projets » pour le prochain vote « participatif ».
C’est en effet une curieuse demande qui a été envoyée aux personnels travaillant dans les sections discothèques des bibliothèques de la Capitale. « Cette année encore, les Parisiens ont proposé de nombreuses idées pour le budget participatif concernant la musique en bibliothèque. Malheureusement, aucune d’entre elles n’a aboutie ». Pas de pot. Mais l’administration étant pugnace « un groupe de travail s’est donc constitué pour aider les porteurs de projets pour le budget participatif 2017 ». Aider les Parisiens, pas assez grands pour penser par eux mêmes, c’est ce que l’on appelle un grand bond en avant démocratique.
Et pour ceux qui douteraient de la motivation de la Mairie, cette dernière a fait chauffer l’imprimante couleur : « Afin de mobiliser le public, nous vous proposons de distribuer des petits flyers à vos usagers » annonce-t-elle émue. Des flyers qui sont déjà arrivés à bon port dans les établissements. Comme quoi l’administration peut être efficace quand elle veut.
Inutile de dire que cette proposition de « co-construction » a fait tomber de leurs platines les discothécaires du réseau. Ces derniers pensaient naïvement que le budget participatif consistait à donner aux Parisiens la possibilité de proposer eux-mêmes des projets dont la Mairie n’avait pas l’initiative. Bon, avec la dernière proposition de l’administration, on est maintenant sûrs du contraire.
D’autant que cette nouvelle idée municipale pose quand même de gros problèmes éthiques. Soit il s’agit pour les agents de suggérer subtilement aux habitants de faire des propositions de projets qui leur conviennent. En bon français on appelle ça de la manipulation.
Soit les personnels risquent de faire face à des usagers qui portent des projets qui pourraient aller à l’encontre des politiques culturelles construites par les équipes elle-mêmes. Et là on est pile-poil dans ce que l’on nomme « un conflit de valeurs». Un terme bien connu des spécialistes de la santé mentale au travail ,et en principe officiellement combattu par la Mairie. La même qui en tant qu’employeur a vanté aux partenaires sociaux un plan d’action pour lutter contre les troubles psycho-scociaux.
Dans les deux cas, on comprend que les agents en rejettent le principe. La Mairie a donc raté son coup.