Pendant ce temps, la Mairie de Paris s'affiche sans vergogne sur le parvis même de l’Hôtel de Ville
Vous êtes parisiens ou bien venez d’ailleurs pour visiter un établissement culturel d’une des villes les plus riches du monde. Vous êtes surpris ! La moitié des salles sont fermées ? On vous incite à donner de l'argent pour aider les musées ? Le prix des expositions vous semble trop élevé ?
Et oui, vous entrez dans un établissement public mutualisé qui emploie de nombreux travailleurs précaires vivant dans la peur et la pression quotidienne de ne pas voir renouveler leur contrat. Car contrairement aux idées reçues, les agents des musées ne sont pas tous fonctionnaires !
C’est vrai que depuis que la gestion des musées municipaux a été transférée dans une nouvelle structure, Paris-Musées, malgré l’opposition unanime des représentants du personnel, la précarité s’est généralisée.
Beaucoup de personnels sont embauchés pour un temps limité ne dépassant pas six mois ! Jamais plus, souvent moins... Ils doivent ensuite attendre six autres mois pour espérer un autre contrat et ainsi de suite jusqu'à la Saint Glinglin..
- Quand je serais maire, j'appliquerais ce qui est écrit dans ce livre
Par ailleurs ils sont payés deux mois après le premier jour travaillé (ils restent donc pendant une longue période sans salaire ne se nourrissant que d'amour et d'eau fraiche (lire ici)...Ils ne touchent pas non plus de prime le dimanche, un rêve patronal depuis longtemps réalisé à la mairie de Paris. Quand à leur contrat, celui-ci ne leur est généralement pas remis avant le début de leur mission. Parfois, il n’est remis qu'à la fin de leur vacation, ce qui pose d'énormes problèmes avec Pôle emploi car ils ne peuvent fournir de justificatif de leur embauche.
Dans certains musées ces agents précaires sont obligés de travailler en nocturne en horaires décalés sans être payés en heures supplémentaires. Leur vacation est renouvelée de mois en mois, ce qui leur met une pression quotidienne alors que les expositions durent quatre mois et plus.
Les vacataires sont souvent victimes de dysfonctionnements provenant de l'administration (une seule personne pour gérer tous les dossiers). Ils ne sont pas payés ou payés en dessous des heures effectuées.
Paris Musées ne répond pas à leurs demandes quand des problèmes se posent (fiche de paie, arrêté de travail, remboursement carte transport) Ils trouvent porte close et ne peuvent accéder aux services pour résoudre leurs problèmes...
- Quel est l'imbécile qui a accrcoché tout ça !
Et la surveillance n'est pas le seul service touché, de nombreux services s'appuient également sur la précarité : conférenciers, plasticiens, personnels administratifs et tant d'autres encore ... en CDD, en stage, en contrat aidé, tout ceci entrainant une corruption généralisée où le copinage est bien souvent le seul critère de recrutement…
Cette situation des plus catastrophiques est en réalité le résultat d’une politique qui, sous couvert d’économie budgétaire, d’efficacité et de rentabilité, ne vise qu’à détruire les fondements mêmes de la fonction publique
Pour respecter les usagers du service public, respecter notre patrimoine, il faut respecter les travailleurs, qui, coûte que coûte, permettent l'ouverture de nos musées et leur animation malgré le mépris et l'indifférence de leur employeur... Puisque la Mairie de Paris affiche sans vergogne sur le parvis même de l’Hôtel de Ville son combat contre la précarité exigeons la pérennisation de ces emplois immédiatement !
Bruno Julliard, actuel président de Paris-Musées et ancien pourfendeur de la précarité
- Quand je serais au pouvoir, j'appliquerais mes idéaux de jeunesse ...
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