Le service est actuellement suspendu, résultat d'une gestion calamiteuse de l'administration parisienne
C’est un service dont la Ville est d’habitude très fière et qu’elle n’hésite pas à mettre en avant. Il faut dire qu’il est des plus uniques, non seulement en France mais aussi dans le reste du monde. Quezako ? C’est la réserve centrale des bibliothèques de la Ville de Paris. « La plus grande bibliothèque du réseau » selon les dires même de la mairie qui rajoute pas peu fière « qu'avec son fonds de 150 000 livres, 75 000 CD et 5 000 partitions, la Réserve centrale possède sûrement le document que vous cherchez ! Vous y trouverez aussi bien des documents tous publics que des documents plus pointus et rares exclusivement présents à la Réserve centrale ». Des documents que les usagers peuvent commander en un clic et qui sont ensuite livrés dans n’importe quelles des soixante bibliothèques municipales de la capitale. Enfin ça c’était avant.
Car voilà, symbole de la faillite de sa gestion, la mairie de Paris n’est plus capable de la faire fonctionner correctement. À tel point qu’elle est désormais obligée de la stopper en urgence selon un communiqué officiel de la Ville « en raison des vacances scolaires, les réservations de la Réserve centrale seront suspendues du 26 octobre inclus au 4 novembre ». Un communiqué qui a néanmoins un petit côté fake news car la vérité est non seulement ailleurs mais tout autre.
En fait de « vacances », il faut plutôt parler de celui des postes. Les effectifs de la réserve centrale, initialement prévus pour être treize, ont dramatiquement fondu. Ces derniers temps les agents se sont parfois retrouvés à quatre seulement ! Intenable ! D’autant que l’activité de ce service a été multipliée par trois en dix ans du fait notamment de la possibilité donnée aux usagers de réserver via internet jusqu’à dix documents en même temps. Et une fois ces derniers empruntés, la possibilité d’en réserver….. de nouveau une dizaine ! Des cas certes minoritaires mais fréquents dans certaines bibliothèques et qui à eux seuls peuvent faire exploser tous les compteurs.
Résultat, les personnels de la réserve centrale passent leur temps à aller chercher dans les cinq kilomètres de rayonnages les documents pour ensuite leur glisser un signet d’identification et de localisation . Et enfin ils doivent mettre ça dans des bacs, cercler les bacs et transporter le tout par transpalette. En gros ça fait entre cinquante et quatre-vingts caisse à remplir tous les jours de plusieurs centaines de bouquins. Un peu comme chez Amazon….
Sauf qu’à la réserve centrale on récupère aussi la marchandise. Les documents ont une durée de prêt limitée et reviennent ensuite dans le service où là encore les opérations se multiplient : transporter les caisses, vider les caisses, réceptionner les documents en lisant chaque code-barre puis enfin les remettre à leur place initiale dans les rayonnages qui font toujours dans les cinq kilomètres. Au total les agents manipulent près de quatre cent mille documents dont certains, comme les livres d’arts peuvent être assez lourd (voir dans la rubrique commentaire le détail de leur quotidien).
Mais si encore il n’y avait que ça. Car en réalité il y a énormément de travail interne qui se rajoute entre l’intégration de nouveaux documents dans les collections de la réserve centrale, le désherbage ou encore la redistribution de livres aux associations. On comprend donc aisément que les maigres troupes qui restent soient à bout de souffle, et que ceux qui ne sont pas en arrêt maladie ne songent qu’à partir. De leur côté, les représentants des personnels dénoncent depuis un moment la gestion calamiteuse de la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris sur le sujet des effectifs ou encore des arrêts maladies. Il est donc pour le moment plus sage et surtout plus réaliste de suspendre le service sine die et donc au-delà du 4 novembre.
A la réserve centrale des bibs de Paris, les conditions sont désormais pires que chez Amazon
- Bah pour sûr car nos patrons bien qu'exploiteurs, il nous filent au moins du matos !
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