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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 14:54
Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

« Si nous ne voulons pas détériorer davantage les piètres conditions de travail le reste de la semaine, il ne nous semble pas possible d’ouvrir notre établissement le dimanche » affirment dans une lettre ouverte à Bruno Julliard les bibliothécaires du XIème arrondissement

La municipalité parisienne a annoncé vouloir ouvrir d'ici 2019 – et sans concertation aucune bien sûr - sept nouvelles bibliothèques le dimanche : Parmentier (XIe), Hélène Berr (XIIe), Melville (XIIIe), Aimé Césaire (XIVe), Germaine Tillion (XVIe), Rostand (XVIIIe) et Sabatier (XVIIIe)... Le tout, sans effectif supplémentaire ! Une véritable provocation tant le réseau parisien est actuellement exsangue (fermetures, réductions d'horaire, etc.) et que plusieurs bibliothèques, qui ouvrent déjà le dimanche, comme Sagan (Xe) ou Duras (XXe), sont dans une situation que l’on peut sans exagérer, qualifier de critique.

Conséquence :  la colère gronde dans les bibliothèques municipales de la capitale et les lettres ouvertes des équipes concernées pour protester « contre les conditions d'ouverture »  telles que présentées par la mairie de Paris se succèdent et tombent comme à Gravelotte sur la table du premier adjoint en charge la culture (lire ici). En effet, après les personnels de la bibliothèque Hélène-Berr, Rostand, Aimé-Césaire, Germaine-Tillion et Melville c’est au tour de l’équipe de la bibliothèque Parmentier, située à proximité de la mairie du XIème arrondissement, de mettre les pieds dans le plat.

Et le moins que l’on puisse dire c'est qu’à lire leur lettre ouverte, les bibliothécaires de Parmentier en ont vraiment gros sur la patate. Selon eux, avant d’ouvrir le dimanche, il faudrait déjà que leur établissement fonctionne normalement le reste de la semaine. Or Parmentier, probablement la bibliothèque la plus utilisée du réseau si l’on calcule le nombre d’usagers au mètre carré rapporté au volume horaire d’ouverture, est déjà au bord de la rupture : « la taille de l’établissement n’est pas du tout adaptée à sa fréquentation ce qui entraîne régulièrement la fermeture de postes de service public et une surcharge de travail pour les agents, qui sont nombreux à souffrir de trouble musculo-squelettique, étendre ce travail à flux tendu au dimanche risque d’aggraver les pathologies de ces collègues et de fragiliser les autres » préviennent d’ailleurs les bibliothécaires.

Des journées qui tournent parfois au calvaire tant pour les personnels que les usagers car l’établissement est réparti sur deux plateaux et une mezzanine. « Il n’y a pas de monte-charge entre les étages ; seul un petit ascenseur (fréquemment en panne) qui sert à la fois aux lecteurs et au rangement. De plus, cet ascenseur est en accès indirect, il faut donc se munir d’une clef dès que l’on a un chariot ou un carton à déplacer. La bibliothèque ne dispose ni de salle d’animation ni d’espace de travail clos et silencieux pour les usagers ». Une précision utile car il est fort probable que Bruno Julliard n’a jamais mis les pieds dans cette bibliothèque.

Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

                                        - Désolé les amis, mais j'ai les moutons à garder

Alors comment faire pour ouvrir le dimanche cette bibliothèque, qui comme d’autres, est en sous- effectif chronique suite aux coupes sombres faites par l’Hôtel de Ville dans le budget de la culture ces dernières années. La mairie croyait avoir trouvé la solution miracle (et très smart cities) : des automates de prêt et de retour de documents, comme ça moins besoin de personnels ! Enfin, c’est ce qui a été vendu par l’administration parisienne, laquelle il est vrai, ne met jamais non plus les pieds à Parmentier (on conseille à nos bureaucrates du Bureau des Bibliothèques et de la Direction des Affaires Culturelles de venir faire un petit stage d’une semaine (surtout le mercredi et le samedi), car évidemment cette automatisation ne résoudra rien.

« L’installation des automates est programmée pour fin 2016 et nécessitera une réorganisation du service à moyens et personnels constants. A priori, il restera toujours sept postes directement associés à l’accueil, aux renseignements, aux inscriptions et à la gestion des problèmes, sans compter les postes de rangement ». Bref, il faudra du monde en permanence au sein de l’établissement. Et les collègues de sortir la calculette : « selon le scénario « RFID » avec sept postes de service public, et actuellement vingt-sept agents, pour maintenir le principe d’un dimanche sur cinq travaillé, il faudrait recruter…. huit titulaires dont trois catégories A ». Panique du côté de l’Hôtel de Ville à la Direction des Finances et à la DRH où nos technocrates voient leurs tableaux excel défaillir…

De toute façon, travailler le dimanche même au complet risque en réalité de devenir impossible dans la pratique. La faute à ces vieilles lois de la physique que l’équipe d’Anne Hidalgo n’arrivera probablement pas à supprimer. « Nos espaces internes sont déjà contraints et inconfortables, où allons nous installer les huit nouveaux collègues ? » demandent finement les bibliothécaires du XIème arrondissement. Et ces derniers, pleins de bon sens, de répondre « si nous ne voulons pas détériorer davantage les piètres conditions de travail le reste de la semaine, il ne nous semble pas possible d’ouvrir notre établissement le dimanche ». CQFD.

Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

Ce qui est assez surprenant dans cette histoire c’est l’amateurisme de la mairie de Paris. En effet, annoncer comme ça l’ouverture le dimanche d’équipements qui n’ont jamais été prévus pour ça est complètement irréaliste, vu les contraintes de bâtiment aussi bien à Parmentier qu’à Hélène-Berr, Aimé Césaire ou encore Rostand (liste non exhaustive). D’ailleurs l’administration parisienne peine même à apporter des réponses aux questions les plus basiques. Ainsi, l’immense majorité de l’équipe de Parmentier étant opposée à l’ouverture du dimanche « que se passera-t-il  en cas de mutations massives et forcées ? » demandent candides les personnels.

Mais si les bibliothécaires du quartier de la place Voltaire sont opposés au travail du dimanche ce n’est pas sans raison. Et c'est ce qu’ils argumentent dans leur lettre. « Plus il y aura de salariés ce jour-là et moins les contreparties paraîtront légitimes (le travail du dimanche devenant progressivement la norme sociale) ; plus la gamme de services marchands et non marchands ouverts ce jour-là sera étendue plus, par ricochet, la pression sera forte pour en ouvrir de nouveaux ». C’est vrai que désormais toutes ces extensions, que ce soit le soir ou le dimanche, tournent carrément à la course à l’échalote. Une perspective combattue pourtant par de fortes personnalités politiques. 

« La masse salariale concernée par le travail le dimanche  et le soir comprend une majorité de femmes avec enfants dont la liberté de travailler en ces horaires très décalées est plus que contrainte » a ainsi déclaré récemment…. Anne Hidalgo ! Bien vu,  madame la maire ! D’autant mieux vu que dans les bibliothèques on trouve… une majorité de femmes ! Elle devrait donc en souffler un mot à son premier adjoint.

Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

      - Docteur, y a des gens mal intentionnés qui vont fouiller dans mes anciennes déclarations

                                 - C'est bien Anne, continuez, je vois qu'on avance....

Mais surtout l’équipe de Parmentier ne comprend pas l’obstination municipale à ouvrir le dimanche. « Dans le contexte de restriction budgétaire et de suppression de postes, le projet d'ouverture n'est pas réaliste car il nécessiterait une hausse significative des moyens afin d'assurer aux agents des conditions de travail décentes et aux usagers un service public de qualité. Ce projet d’extension d’ouvertures dominicales concerne l’ensemble du réseau. En effet, les petits établissements risquent de fermer pour que les autres ouvrent plus, et les budgets de l’ensemble des bibliothèques risquent une baisse conséquente puisqu’il faudra bien augmenter les budgets des bibliothèques ouvertes le dimanche en hausse de fréquentation. Rappelons que tous les nouveaux services se font à moyens constants ! ».  Pas faux…

D’ailleurs, « les établissements actuellement ouverts le dimanche souffrent, comme l’ensemble du réseau, d’un sous-effectif chronique, ce qui les amène régulièrement à ouvrir ce jour dans des conditions totalement dégradées : non respect du nombre de titulaires nécessaires, non respect de la parité vacataires/titulaires, non respect du rythme d’un dimanche sur cinq travaillé ».  Bref, il est temps pour la municipalité de sortir de la démagogie électorale et de revenir un peu les pieds sur terre et respecter ses engagements envers les personnels. 

Mais si les collègues de Parmentier n’ont pas l’intention d’ouvrir le dimanche, ils n’en pensent pas moins à leurs collègues qui travaillent (ou travailleront) le septième jour et proposent donc  « la création d’une charte rédigée avec les représentants du personnel définissant les fonctions des vacataires (qui ne doivent pas se substituer aux titulaires pour combler un sous-effectif) et  homogénéisant la récupération dominicale à une journée et non en heures comme cela peut se pratiquer dans certains établissements » ainsi que la  « création d’un document propre à chaque établissement définissant les conditions d’ouverture (nombre de titulaires et vacataires requis pour l’ouverture…) afin que tout nouveau membre du personnel puisse s’y référer ». Pas inutile...

         Ouverture du dimanche : les bibliothécaires parisiens mettent les chiffres sur la table

Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

Une charte qui pour les bibliothécaires de la capitale définirait ainsi le nombre de recrutements « sur les postes d’accueil nécessitant des professionnels formés, et dont le nombre doit être établi en concertation avec les équipes, respectant un nombre de titulaires supérieur au nombre de vacataire ou encore la « présence obligatoire d’un cadre A par dimanche afin que la charge  d’un établissement n’incombe pas aux catégories B, qui assument de plus en plus de responsabilités sans aucune compensation financière ».  

Enfin last but not least si la mairie veut ouvrir le dimanche elle devra mettre la main au larfeuille avec le « doublement de la prime de 100€ bruts à 200€ bruts ! » Mazette ! En effet, si l’ont suit le raisonnement de nos progressistes qui occupent actuellement le pouvoir à la mairie de Paris « le travail le dimanche doit être compensé par une véritable revalorisation salariale, rappelons qu’une heure de baby-sitting coute de 10 à 12€ de l’heure sans compter la majoration du dimanche, une prime de 85 à 100€ nets serait automatiquement absorbée dans des frais de garde ! Pour exemple un cadre B à Boulogne Billancourt est payé 212€ bruts ! » Des chiffres cruels !

Et l’équipe de Parmentier de conclure dans leur adresse à Anne Hidalgo et Bruno Julliard : « nous déplorons l’exclusion de l’ensemble des personnels du processus de négociation globale. Nous exigeons donc l’organisation d’une prochaine réunion rassemblant les représentants de tous les acteurs concernés et exigeons qu’une information soit faite à l’ensemble des bibliothèques » et invitent tout les collègues du réseau parisien « à soutenir les bibliothèques concernées directement par ce projet et à écrire également leur lettre. La qualité du service public dans l’ensemble des établissements en dépend ! ».

Bruno Julliard pourrait donc se retrouver à face à un très gros conflit social si des négociations n’étaient pas entamées ! A moins qu’il veuille revivre sa jeunesse comme au bon temps du CPE en 2006. Reste à savoir s'il endossera le costume de Dominique de Villepin ou celui de Nicolas Sarkozy.

Ouverture le dimanche : l'équipe de la bibliothèque Parmentier en a vraiment gros sur la patate !

                                   - Hmmm, je serais assez tenté par celui de Chirac finalement....

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